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Panne Cloudflare : l’Afrique dépendante des infrastructures étrangères

Panne Cloudflare : l’Afrique dépendante des infrastructures étrangères

Une erreur de configuration chez Cloudflare a rendu inaccessibles des milliers de sites dans le monde pendant plusieurs heures mardi dernier. Plusieurs pays africains ont enregistré des pics de latence élevés, avec des impacts sur les fintech et l’e-commerce locaux.

Harold Vaniélice ADJOVI
Harold Vaniélice ADJOVI
2 min

Le dysfonctionnement a démarré à 11 h 20 UTC. Un fichier de règles trop volumineux dans le module Bot Management a provoqué des erreurs 500 généralisées. Cloudflare traite 20 % du trafic web mondial. La panne a touché X, Discord, banques en ligne, plateformes éducatives et boutiques africaines comme Jumia. 

Des conséquences lourdes sur le continent africain

ThousandEyes a mesuré des latences supérieures à 200 % en Afrique australe et centrale, avec des pointes à 500 % en RDC, où les services fintech ont subi des interruptions.Plusieurs e-commerçants ouest-africains ont perdu entre 10 et 20 % de leur chiffre d’affaires quotidien selon les retours de 7info Côte d’Ivoire. Cet incident met en lumière la vulnérabilité des écosystèmes numériques africains face aux fournisseurs américains, alors que le continent ne représente que 1 % des data centers mondiaux.

Des alternatives africaines déjà opérationnelles

Cassava Technologies et Africa Data Centres ont limité l’impact à 5 % pour leurs clients grâce à leurs infrastructures régionales. Ces acteurs, soutenus par un investissement de Nvidia en 2025, développent des CDN locaux et des points d’échange internet (IXP) qui réduisent la dépendance aux routes transatlantiques et améliorent la latence de 40 % en moyenne. 

Vers plus de souveraineté numérique

L’Afrique ne possède que 1 % des data centers mondiaux selon le rapport AVCA, mais le marché devrait doubler à 6,81 milliards USD d’ici 2030, avec une croissance de 11,79 % par an. Le service Cloudflare a été rétabli à 17 h UTC après un rollback de la configuration fautive. Cet épisode relance les projets de data centers souverains portés par la Smart Africa Alliance, qui vise à lever 1,75 milliard EUR pour déployer des infrastructures multi-locataires dans 42 pays membres. 

Des investissements de 3,5 milliards USD sont prévus d’ici 2027, avec 350 MW de capacité supplémentaire ajoutée fin 2025, soutenus par des partenariats comme celui de Cassava avec la Rockefeller Foundation pour l’IA accessible aux ONG africaines.

Leçons pour l’écosystème africain

Cette panne souligne l’urgence d’une diversification : en Afrique subsaharienne, 223 data centers opèrent déjà dans 38 pays, avec l’Afrique du Sud en tête (56 sites). Des incitations fiscales et zones économiques spéciales, comme au Maroc et au Nigeria, attirent des investissements hyper-scales. Au final, cet incident accélère la transition vers une infrastructure panafricaine, essentielle pour capter les 180 milliards USD de valeur économique ajoutée du numérique d’ici 2025.


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