Voyager aux États-Unis pourrait bientôt ressembler à un passage à la loupe digitale. L’administration Trump prévoit d’exiger des touristes étrangers exemptés de visa qu’ils fournissent l’historique complet de leurs activités sur les réseaux sociaux des cinq dernières années.
Une mesure qui cible 42 pays
Selon un avis publié dans le Register Federal, journal officiel américain, cette nouvelle exigence s’adresse aux ressortissants des pays bénéficiaires du programme d’exemption de visa (Visa Waiver Program). Parmi eux figurent notamment la France, la Suisse, l’Australie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, Israël, le Japon et la Corée du Sud.
Ces voyageurs peuvent actuellement séjourner aux États-Unis durant 90 jours sans visa, à condition d’obtenir une autorisation électronique de voyage (Esta). Le texte propose désormais d’ajouter les médias sociaux à la liste des informations obligatoires pour toute demande de ce type.
Des données personnelles plus fouillées
Le dispositif ne s’arrêterait pas aux réseaux sociaux. Les autorités américaines-en particulier les services des douanes et de la protection des frontières (CBP)-souhaitent aussi collecter :
les numéros de téléphone utilisés au cours des cinq dernières années,
les adresses e‑mail des dix dernières années,
et des informations détaillées sur les membres de la famille (identité, date et lieu de naissance, coordonnées).
Une extension de la surveillance qui s’inscrit dans la continuité des politiques sécuritaires renforcées de Washington.
Un contexte de méfiance et d’enjeux économiques
Cette initiative intervient à quelques mois de la Coupe du monde 2026, que les États-Unis coorganiseront avec le Canada et le Mexique. Un événement censé attirer des centaines de milliers de supporters étrangers.
Mais paradoxalement, la politique migratoire et touristique américaine continue de refroidir les visiteurs : selon l’US Travel Association, le pays devrait enregistrer une baisse de 6,3 % de l’arrivée de touristes en 2025 par rapport à l’année précédente. En novembre déjà, l’administration Trump avait relevé les tarifs d’entrée dans les parcs nationaux pour les non-Américains.
Entre sécurité et image du pays
Le texte, qui doit entrer en application d’ici à soixante jours sauf contestation judiciaire, suscite des inquiétudes quant à la protection de la vie privée. Si Washington justifie la mesure par des impératifs de sécurité nationale, de nombreux observateurs y voient un signal supplémentaire d’un contrôle accru des voyageurs à l’ère du numérique.
