Cette alliance marque une avancée décisive pour l’accès à Internet sur le continent. Et le must c'est que derrière cette annonce se profile une transformation en profondeur du modèle télécom africain : faire du ciel un prolongement du réseau mobile, garantissant une couverture continue, y compris dans les zones rurales ou isolées.
Jusqu’à présent, Starlink reposait sur une logique d’accès fixe. L’utilisateur devait installer une antenne, connecter un modem et disposer d’une alimentation électrique stable pour accéder à Internet. Cette configuration, bien que performante, limitait l’usage aux foyers, aux entreprises ou aux sites fixes.
La technologie dite Direct-to-Cell marque une rupture. Dans ce modèle, les satellites Starlink jouent directement le rôle de stations-relais. Certains smartphones compatibles pourront capter le signal satellitaire sans aucun équipement supplémentaire, de la même manière qu’ils se connectent aujourd’hui à un réseau mobile terrestre.
Pour l’utilisateur final, l’expérience est transparente. Le téléphone bascule automatiquement vers le satellite lorsque le réseau classique devient indisponible. Ce changement ouvre la possibilité d’une couverture Internet continue, y compris dans les zones rurales, enclavées ou mal desservies par les infrastructures traditionnelles.
Un service plus cher, mais structurellement différent
Le tarif évoqué pour ce service est d’environ 55 dollars par mois, soit près de 33 000 FCFA. À titre de comparaison, les forfaits mobiles mensuels classiques dans plusieurs pays africains démarrent autour de 25 dollars, soit environ 15 000 FCFA.
La comparaison brute des prix masque toutefois la nature du service proposé. Là où les forfaits traditionnels restent dépendants de la densité des pylônes, de la fibre, de l’électricité et de la maintenance locale, la solution satellite offre une couverture quasi uniforme sur l’ensemble du territoire national.
Ce différentiel de prix correspond donc moins à un surcoût qu’à un changement de promesse : une connexion stable, indépendante des aléas d’infrastructure, et accessible là où les réseaux terrestres atteignent leurs limites.
Le cas du Gabon : une porte réglementaire qui s’entrouvre
Au Gabon, Starlink n’est pas autorisé à opérer directement. L’ARCEP a officiellement interdit le service sur le territoire, au nom du respect du cadre réglementaire national.
Le partenariat avec Airtel Africa modifie cependant la configuration juridique. Airtel est un opérateur télécom agréé, soumis à la régulation locale et autorisé à commercialiser des services de connectivité. Dans ce schéma, Starlink n’agit plus comme un opérateur direct, mais comme un fournisseur de technologie intégré à l’offre d’un acteur autorisé.
Cette approche ne constitue pas une remise en cause frontale de la régulation. Elle crée plutôt un précédent : l’introduction d’une technologie satellitaire via un opérateur local, dans un cadre contractuel et réglementaire existant. Pour le marché gabonais, c’est un tournant discret mais structurant.
Une pression nouvelle sur les opérateurs historiques
L’arrivée d’une connectivité satellitaire directement intégrée aux téléphones pose une question stratégique aux opérateurs traditionnels. Si l’utilisateur peut rester connecté partout, indépendamment des infrastructures terrestres, le rôle exclusif des réseaux mobiles est remis en cause.
Des acteurs comme Moov Africa et les autres opérateurs présents sur le continent devront arbitrer entre plusieurs options : investir massivement dans la qualité de service, ajuster leurs grilles tarifaires, ou envisager à leur tour des alliances technologiques similaires.
À terme, la concurrence ne se jouera plus uniquement sur la couverture urbaine ou la capacité réseau, mais sur la capacité à garantir une continuité réelle de service.
2026, une échéance à surveiller
Le déploiement est annoncé pour 2026. D’ici là, plusieurs paramètres restent à préciser : la liste exacte des téléphones compatibles, les débits effectifs, les usages autorisés, ainsi que le cadre fiscal et réglementaire applicable au service.
Mais une chose apparaît déjà clairement. L’avenir de l’Internet africain ne dépendra plus uniquement de pylônes, de câbles et de data centers terrestres. Il dépendra aussi de constellations de satellites, capables de transformer le ciel en infrastructure numérique.
Pour la première fois, cette promesse ne relève plus de la science-fiction, mais d’un calendrier industriel crédible.





