Et si la prochaine grande saga manga venait du Gabon ?
C’est le pari un peu fou de Franck Junior Makosso et plusieurs bédéistes venus des neuf provinces du pays. Ce collectif veut prouver que le manga africain peut être aussi époustouflant et universel que ses modèles japonais.
“Je suis d'abord un passionné de manga, je dessine depuis l’enfance. Tout a commencé en 2015 avec un simple groupe Facebook pour partager nos créations.”, confie Franck Junior Makosso.
Le nom du collectif résume parfaitement l’esprit du projet : Gabao pour le Gabon, Mangaka pour la passion du dessin japonais.
Entre shōnen japonais et traditions africaines
Le magazine Gabao Mangaka, lancé fin 2022, propose un univers unique où mythes africains, spiritualité gabonaise et codes narratifs japonais se rencontrent.
Des séries comme Gods Power, Black Amnesia ou Death Chronicles plongent les lecteurs dans un monde où l’imaginaire local se mêle au souffle héroïque du shōnen.
Le joyau du collectif reste Nzambé Kana, le premier manga d’action se déroulant à Libreville. Cette série, inspirée des rites et croyances gabonaises, a valu au magazine le prix Filiga 2024 au Festival du Livre et des Arts du Gabon.
“La culture geek gabonaise plonge le lecteur dans un univers fictif où se mêlent tradition et modernité. Nous sommes les premiers à proposer des séries longues dans la BD gabonaise.”, explique Franck Junior.
De l’échec à la reconnaissance : l’ascension d’un collectif
Le chemin vers le succès n’a pas été sans défis. Le premier volume du magazine, sorti fin 2022, passe inaperçu. “Au départ, on a fait un flop. Le public ne nous connaissait pas encore”, admet Franck Junior.
Mais la persévérance paie. Grâce à une meilleure communication et à la montée en puissance des réseaux sociaux, Gabao Mangaka trouve son public. Les ventes explosent avec les volumes 3 et 4, puis la consécration arrive avec Nzambé Kana primé en 2024.
Aujourd’hui, le collectif prépare le Volume 5, dont la sortie est prévue du 16 au 19 décembre 2025 à l’Institut français de Libreville, ainsi que le premier tome de Gods Power annoncé pour février 2026.
Une vision pour l’avenir du manga africain
Au-delà du dessin, Gabao Mangaka nourrit une ambition plus large : construire une industrie créative gabonaise tournée vers le numérique. Le collectif vise 30 000 lecteurs d’ici 2028 et prépare le lancement d’une plateforme de diffusion en ligne pour vendre ses œuvres et atteindre un public international.
“Nous voulons prouver que l’Afrique peut produire des contenus geek de qualité sans copier servilement les modèles étrangers”, déclare Franck Junior.
Ce rêve est soutenu par une philosophie forte, inscrite jusque dans leurs planches. Dans une scène de Nzambé Kana, on lit :
“Je préfère mourir que vivre dans la honte.”
Un écho direct à l’éthos du guerrier et à la dignité culturelle qu’incarne le manga gabonais.
Quand le manga devient un miroir de société
Les récits de Gabao Mangaka vont bien au-delà du divertissement. Ils explorent la résilience, la responsabilité et le libre arbitre.
“La défaite est toujours plus riche d’enseignement que la victoire…” peut-on lire dans l’un des chapitres de Gods Power, une phrase qui reflète aussi le parcours du collectif.
En mêlant mythologie, valeurs et pop culture, Gabao Mangaka offre aux jeunes lecteurs un miroir de leurs rêves et de leurs réalités. Et si Libreville devenait demain le nouveau Tokyo de l’Afrique geek ?
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