C’est un terme bien connu des Gabonais...
Le gombo, c’est ce petit job occasionnel, parfois improvisé, souvent vital, qui aide à tenir jusqu’à la fin du mois. Mais le gombo a changé d’époque : aujourd’hui, il s’écrit avec un “G” majuscule et prend une dimension nouvelle via une application. Pour toute une génération de jeunes “bosser sur un gombo” n’a plus rien d’un simple bricole, c’est devenu une stratégie de carrière.
Cette transformation s’inscrit dans une dynamique mondiale : l’essor de la gig economy, ou économie des missions, qui redéfinit en profondeur les modes de travail. En Afrique, elle apparaît comme une réponse concrète à la pression du chômage des jeunes et à l’accélération de la transition numérique.
Un marché en quête de structure
Au Gabon, comme ailleurs en Afrique centrale, le potentiel est immense mais encore sous-exploité. La digitalisation progresse, les jeunes sont formés, connectés, plusieurs initiatives dans le secteur du digital prennent vie. Pourtant, les infrastructures manquent, les paiements sont précaires et les opportunités se font rares sans réseau personnel.
C’est dans ce vide que Gombo, application 100% gabonaise, s’installe. Adaptée aux nouveaux usages numériques, l'application propose un marché organisé où les compétences locales s’exécutent en missions réelles : graphisme, rédaction, développement, montage vidéo, marketing digital…
Ici, pas besoin de “chercher le client”, les missions arrivent directement sur la plateforme, accompagnées d’un paiement sécurisé et d’un suivi encadré.
Professionnaliser la débrouille
“Le gombo était auparavant perçu comme ce petit revenu parallèle, un peu péjoratif. Or, au fond, c’était un mode de survie. Avec cette application, nous voulons en faire une opportunité de carrière structurée”, explique Arsène Rebouka, chef de produit chez Gombo.
Derrière cette vision, une réalité : le marché du travail gabonais se transforme plus vite que les institutions ne peuvent l’encadrer. Les jeunes, plus connectés que jamais, ne veulent plus dépendre d’un seul employeur. Ils veulent multiplier les revenus, se perfectionner, vendre leurs compétences là où elles sont demandées.
Avec Gombo, cette aspiration prend forme. Les “Gombistes”, comme on les appelle déjà, travaillent depuis leur smartphone, gèrent leur temps, bâtissent un portefeuille et accumulent des preuves concrètes de leur expertise.
Une réponse locale à un défi global
Partout dans le monde, plateformes comme Fiverr ou Upwork dominent la gig economy. Mais elles restent majoritairement tournées vers les marchés anglophones, laissant de côté une grande partie des freelances francophones d’Afrique.
Gombo comble ce vide avec une proposition enracinée dans la culture locale : même le nom évoque un symbole d’ingéniosité populaire.
L’application capte ainsi une double dynamique : la formalisation du travail informel et l’autonomisation économique de la jeunesse africaine. Ce modèle a déjà permis :
plus de 50 freelances actifs depuis le lancement,
200 missions exécutées en 2024,
100 projets livrés dans le design, le contenu et le digital,
et des paiements 100% sécurisés via un portefeuille intégré.
Le futur du travail au bout des doigts
Pour les entreprises gabonaises, c’est tout aussi stratégique : Gombo devient un raccourci vers un vivier de talents fiables et disponibles, sans lourdeurs administratives. En pariant sur des compétences locales, ces marques valorisent aussi une jeunesse souvent sous-utilisée.
Cette dynamique rejoint un mouvement plus large : selon la Banque africaine de développement, plus de 80 millions d’Africains pourraient rejoindre l’économie des plateformes d’ici 2030. Au Gabon, où près d’un jeune actif sur trois exerce une activité indépendante, cette transformation est déjà en cours.
Une génération connectée, un mot d’ordre : autonomie
Avec Gombo, le travail n’est plus une attente, mais une initiative. Le “petit boulot” devient une mission, l’art de se débrouiller devient une méthode, et le smartphone se transforme en véritable bureau de poche.
Ce n’est plus de la débrouillardise, c’est de la stratégie. Et dans un pays où chaque compétence compte, cette application pourrait bien incarner la naissance d’une nouvelle culture du travail indépendant : fière, compétente, et connectée.





