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Cybersécurité : un bug chez les géants menace les startups africaines

Cybersécurité : un bug chez les géants menace les startups africaines

Un zero-day dans Oracle exploité par le gang Clop contre un hôpital britannique, une fuite massive chez Coupang et des compromissions chez plusieurs acteurs IT montrent qu’une même faille peut toucher aussi bien un géant du cloud qu’une petite fintech africaine.

Harold Vaniélice ADJOVI
Harold Vaniélice ADJOVI
3 min

Les derniers mois ont illustré à quel point la chaîne de valeur numérique est devenue systémique. Au Royaume‑Uni, le gang Clop a exploité une vulnérabilité zero‑day dans Oracle E‑Business Suite pour s’introduire dans les systèmes de Barts Health, l’un des plus grands groupes hospitaliers du NHS, et exfiltrer des données sensibles. Oracle a depuis reconnu l’existence de cette faille, référencée comme CVE‑2025‑61882, et a publié en urgence un correctif pour l’ensemble de ses clients.​

Des fuites en cascade chez les géants du web

La même campagne malveillante a visé des dizaines d’organisations en Europe et en Amérique du Nord, preuve qu’une seule vulnérabilité dans une plateforme ERP critique peut devenir une arme de destruction massive pour un groupe cybercriminel organisé. Dans le même temps, le géant sud‑coréen Coupang a admis une fuite de données qui a touché plus de 30 millions de clients, tandis que plusieurs fabricants et fournisseurs IT, dont ASUS, ont reconnu des compromissions de serveurs exposés.

 Partout, c’est le même schéma : chaînes d’approvisionnement logicielles complexes, dépendance à des briques standards, et difficulté à cartographier tous les points d’entrée.​

La santé, cible privilégiée des cybercriminels ?

Pour les plateformes d’e‑santé européennes, la situation est critique parce qu’elles reposent souvent sur les mêmes ERP, bases de données et briques cloud que les grands hôpitaux publics. Quand un groupe comme Clop trouve un zero‑day dans un composant central d’Oracle ou d’un autre fournisseur, le risque ne se limite pas à un seul établissement, mais à tout un écosystème interconnecté. Les données de santé, extrêmement sensibles et très monétisables sur le dark web, deviennent alors des cibles de choix.​

La supply chain logicielle, un risque systémique encore sous‑estimé ?

Les acteurs de la régulation et de l’accompagnement commencent à tirer la sonnette d’alarme. Des organismes européens de type CERT soulignent que les vulnérabilités de supply chain numérique ou d’ERP doivent désormais être traitées comme des risques systémiques, avec des plans de patch coordonnés et une communication transparente vers l’ensemble des utilisateurs finaux. Pour les pays africains, il est clair qu’adopter les mêmes briques logicielles que les géants sans développer une véritable culture de gestion de vulnérabilités revient à importer aussi leurs risques, mais sans bénéficier des mêmes mécanismes de protection.​

E‑santé et fintech africaines en première ligne

Pour les plateformes de e‑santé et les fintechs africains, la priorité n’est plus seulement de “se connecter au cloud”, mais de savoir exactement à quelles dépendances logicielles elles sont exposées, quelles versions sont déployées et comment elles sont patchées. À défaut, un bug découvert à des milliers de kilomètres pourrait, du jour au lendemain, paralyser un service de paiement mobile ou exposer les données médicales de milliers de patients dans un pays où la confiance numérique est encore fragile.

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