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Les Grandes Heures de la Tech : l’épopée Nvidia

Les Grandes Heures de la Tech : l’épopée Nvidia

De la banquette d’un fast-food californien à la première capitalisation boursière mondiale, l’histoire de Nvidia est avant tout celle d’un homme : Jensen Huang. Un visionnaire au flair hors norme, devenu l’un des dirigeants les plus influents de la Silicon Valley.

Emmanuelle Marie Foutou
Emmanuelle Marie Foutou
4 min

En 2025, Nvidia devient brièvement la première capitalisation mondiale, devant Microsoft et Apple. Un symbole fort pour une société qui, il y a encore dix ans, était perçue comme un simple fabricant de cartes graphiques pour gamers.

Mais cette ascension fulgurante s’accompagne de polémiques. Interrogé sur la compétition technologique mondiale, Jensen Huang affirme que "la Chine n’est qu’à quelques nanosecondes des États-Unis" en matière d’intelligence artificielle. Une déclaration qui relance les débats sur les équilibres géopolitiques alors que son entreprise est devenue, en quelques années, l’infrastructure indispensable de la révolution IA. Techies vous propose de remonter le fil d’une épopée industrielle hors norme.

Le visionnaire de Denny’s

L’aventure commence en 1993, dans un Denny’s de San José. Jensen Huang, ingénieur issu de Stanford, retrouve deux collègues : Chris Malachowsky et Curtis Priem.
C’est dans ce restaurant, où Huang avait travaillé comme serveur pendant ses études que naît l’idée de fonder une nouvelle entreprise dédiée aux processeurs graphiques.

Contrairement à une croyance répandue, Malachowsky et Priem ne venaient pas d’AMD, mais plutôt de Sun Microsystems et IBM. Ce sont leurs expériences complémentaires, mêlant graphisme, micro-électronique et ingénierie logicielle, qui les poussent à unir leurs forces.

Le nom choisi, Nvidia, dérive de invidia, "l’envie" en latin. Non pas l’envie jalouse, mais l’ambition brûlante : créer une technologie si puissante qu’elle redéfinirait les usages informatiques.

L’obsession de la 3D

Au début des années 1990, le monde du jeu vidéo passe timidement de la 2D à la 3D. La plupart des machines ne suivent pas. Les trois fondateurs y voient un boulevard : ils veulent créer une puce dédiée, capable de calculer des images en trois dimensions avec une fluidité inédite.

Leur première tentative, la NV1, commercialisée en 1995, est un semi-échec : trop en avance, trop coûteuse, et incompatible avec les standards émergents comme DirectX.
Beaucoup d’entreprises abandonnent après un tel revers. Nvidia, non.

Cette résilience deviendra la marque de fabrique de Jensen Huang.

1999 : l’invention qui change tout

Quatre ans plus tard, Nvidia dévoile le GeForce 256, présenté comme le premier GPU (Graphics Processing Unit) de l’histoire.
Pour la première fois, une puce embarque toutes les fonctions nécessaires au rendu 3D. Le gaming bascule dans une nouvelle ère : effets de lumière, profondeur, ombres dynamiques… tout devient possible.

Cette innovation propulse Nvidia en tête du marché et leur offre un avantage stratégique colossal : la maîtrise d’un processeur capable de paralléliser les calculs mieux que n’importe quelle CPU.

Un détail technique qui, quelques années plus tard, changera le destin de l’entreprise.

2006 : quand Nvidia anticipe l’avenir avant tout le monde

En 2006, Jensen Huang prend une décision incomprise de presque tous ses investisseurs : investir massivement dans un kit de développement logiciel permettant de détourner les GPU du gaming.

Ce projet s’appelle CUDA.

Il permet aux chercheurs, ingénieurs et développeurs d’utiliser la puissance de calcul des GPU pour des tâches scientifiques, médicales ou industrielles. À l’époque, personne n’imagine encore que ces puces deviendront la pierre angulaire de l’intelligence artificielle moderne.

Mais quelques années plus tard, les chercheurs en machine learning découvrent que les GPU Nvidia accélèrent les calculs d’entraînement des réseaux neuronaux d’un facteur inédit.
Les plus grands laboratoires d’IA adoptent alors massivement l’écosystème Nvidia.

Nvidia ne vend plus seulement des puces :
elle vend une infrastructure complète, matérielle et logicielle.

Jensen Huang a d'ailleurs livré en main propre une machine équipée de GPU Nvidia aux fondateurs d’OpenAI à leurs débuts, symbole de son implication personnelle dans la démocratisation de l’IA.


Le futur, déjà en marche

En 2020, l’explosion du deep learning, des voitures autonomes et plus récemment des IA génératives propulse Nvidia dans une dimension nouvelle.
Les puces A100, puis H100, deviennent des objets stratégiques, convoités par les géants du cloud comme par les gouvernements.

Face à cette domination, les concurrents se mobilisent. Notamment AMD, dirigé par Lisa Su, cousine éloignée de Jensen Huang. Un clin d’œil amusant de l’histoire familiale… mais une rivalité bien réelle. AMD monte en puissance avec ses propres architectures optimisées pour l’IA, tandis que d’autres acteurs Intel, Qualcomm ou encore des startups chinoises tentent d’entrer dans la course.

La bataille du futur se joue désormais sur trois terrains :

la puissance de calcul,

l’efficacité énergétique,

et la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement.

Une légende en marche

Trente ans après sa fondation, Nvidia n’est plus un fabricant de puces : c’est l’entreprise sur laquelle repose une grande partie de l’infrastructure mondiale de l’intelligence artificielle.

Son avenir dépendra de sa capacité à rester en avance dans une course de plus en plus disputée. Mais une chose est sûre : Jensen Huang (le génie en veste en cuir ) a prouvé qu’il savait anticiper les révolutions avant tout le monde.


MOTS-CLÉS

#Internationale
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