Un scan pour tout payer

Et si un simple QR code changeait la façon dont on paie au Gabon ?

Le soleil tape sur les étals de Mont-Bouët.

Un client tend son téléphone vers un petit carton plastifié, scanné en une fraction de seconde. Pas de monnaie à rendre, pas de pièces qui tombent au sol : le paiement est fait, et la vendeuse replie déjà sa bâche pour servir le suivant.

Cette image n’est pas encore la réalité au Gabon… mais c’est celle que veut rendre possible Mark‑Alexandre Doumba, ministre de la Digitalisation et de l’Innovation

« Toutes les institutions financières, que ce soit les banques, le mobile money ou les microfinances, doivent pouvoir lire le même QR code. Plus de simplicité, plus d’inclusion, et un impact direct dans la vie quotidienne des Gabonais. »

Sous le capot, le projet repose sur GIMACPAY, la plateforme monétique de la CEMAC. Un pilote est annoncé pour septembre, avec un déploiement national dans la foulée.

L’idée en bref ?  Casser les silos entre les mobiles money et les banques, et faire du QR code un geste aussi naturel qu’un transfert WhatsApp.

Un chantier technique… et culturel

Mais pour que cette vision tienne la route, il faudra plus que de la technologie :

Il faudra parvenir à une interopérabilité réelle. Que les paiements réussissent à circuler sans friction, peu importe l’opérateur.

Que la solution reçoivent une reelle adoption terrain. Dans un pays où le cash règne encore, convaincre commerçants et clients sera un travail patient.

Mais surtout, parvenir à une ouverture du standard : un QR code commun peut nourrir l’innovation… à condition que chacun ait envie de l’utiliser comme base.

Yannick Ebibie, CEO de la Société d’Innovation Numérique du Gabon, y voit une opportunité historique — mais avec un avertissement. Sur LinkedIn, il rappelle :

« La priorité, c’est l’interopérabilité inter‑marché et la capacité des acteurs locaux à démocratiser le paiement mobile. »

Un point de vigilance qui ne remet pas en cause le projet, mais souligne l’importance d’un équilibre : que le QR code soit un standard ouvert et non un outil fermé.

Si le Gabon réussit son virage, ce QR code pourrait accélérer la digitalisation des paiements, formaliser une partie de l’économie informelle et offrir aux petites entreprises un meilleur accès au crédit. Mais rater cette transition reviendrait à transformer une promesse de modernisation en un simple gadget administratif.

Au final, ce QR code ne sera pas jugé sur son look ou sa prouesse technique, mais sur sa capacité à rassembler tout un écosystème autour d’un même but : rendre le paiement simple, pour tous.

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