Starlink en RDC

Ce que ce feu vert officiel change pour l’Afrique connectée.

Le 2 mai 2025, la RDC a officiellement délivré une licence d’exploitation à Starlink DRC S.A.  Derrière ce simple communiqué de l’ARPTC, une bascule stratégique s’opère : la connectivité par satellite devient un levier assumé de développement numérique en Afrique centrale.

Le pari spatial s’ancre en Afrique

La République Démocratique du Congo rejoint un cercle encore restreint de pays africains ayant pris le pari de Starlink comme solution d’accélération numérique. Le Nigeria a ouvert la voie dès 2022, suivi par le Rwanda, le Mozambique, le Kenya et le Malawi. Tous ont un point commun : des territoires immenses, une connectivité inégalement répartie et une ambition claire de sauter des étapes.

En s’alignant, la RDC devient le premier pays d’Afrique centrale à intégrer officiellement Starlink dans son écosystème numérique, et pose les bases d’une possible reconfiguration régionale.

Trois impacts majeurs à anticiper

1. Une nouvelle cartographie de l’accès à Internet
Jusqu’ici, les infrastructures filaires ou mobiles déterminaient les zones desservies. Avec Starlink, cette logique s’inverse : le réseau suit les utilisateurs, qu’ils soient en ville, en forêt, sur une île ou à la frontière. Pour les zones rurales, c’est une opportunité sans précédent.

2. Une mise sous pression des opérateurs historiques
Plus que l’arrivée d’un concurrent, c’est une référence technique et commerciale qui entre sur le marché. Tarification mensuelle, stabilité du débit, simplicité d’installation… Les standards d’attente des utilisateurs vont évoluer, et avec eux les équilibres économiques des opérateurs locaux.

3. Un enjeu de souveraineté numérique à surveiller
L’adoption de Starlink pose une question sensible : peut-on s’appuyer sur une infrastructure étrangère tout en gardant le contrôle sur ses données et ses communications ? La RDC, en imposant une régularisation locale, tente un équilibre que d’autres pays devront observer de près.

A quand au Gabon ?

Géographiquement proche, technologiquement comparable, le Gabon observe attentivement le virage satellitaire engagé par son voisin congolais. Et il ne reste pas immobile.

Si aucune licence officielle n’a encore été délivrée à Starlink, des discussions sont bel et bien en cours, et les signaux institutionnels sont encourageants. L’ARCEP Gabon a récemment accueilli un atelier panafricain sur la régulation des télécoms — un indice clair que le cadre réglementaire est en phase d’évolution, notamment pour intégrer des technologies comme l’Internet par satellite.

Des fournisseurs comme GlobalTT proposent déjà des solutions satellitaires au Gabon, et plusieurs sources proches du dossier évoquent une possible arrivée officielle de Starlink d’ici fin 2025. Ce n’est donc plus une question de si, mais de quand.

Ce qu’il manque ? Un cap politique assumé.
Dans un pays qui mise sur le numérique comme levier de relance et d’inclusion, ne pas accélérer sur ce dossier serait un contretemps stratégique. L’enjeu dépasse la connectivité : il touche à l’équité territoriale, à l’éducation, à la santé, à la compétitivité des PME en zone non couverte.

La RDC a ouvert la voie. Le Gabon est sur le bon chemin.
Reste à transformer l’intention en exécution. Et à montrer que Libreville, aussi, peut prendre place dans l’orbite des pays qui construisent leur futur numérique sans attendre.

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