Le 25 juillet 2025, l’Autorité soudanaise de régulation des télécommunications et de la poste a annoncé la suspension des appels vocaux et vidéo via WhatsApp pour une durée indéterminée. Cette décision est présentée comme une mesure de précaution face à des « menaces pesant sur la stabilité du pays » dans un contexte de guerre civile intense entre l’armée et des forces paramilitaires. Seuls les messages texte et les discussions de groupe restent accessibles, tandis que les appels sont bloqués à l’échelle nationale.
Une atteinte à la liberté de communication selon les défenseurs des droits numériques
Cette restriction fait vivement réagir les organisations de défense des droits numériques, telles que Journalists for Human Rights (JHR) Sudan. Elles dénoncent une violation flagrante du droit fondamental à la liberté de communication, rappelant que le Soudan a ratifié plusieurs textes internationaux comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ou encore la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Selon elles, ces mesures ne respectent pas les critères internationaux qui n’autorisent des restrictions qu’en cas d’exception très limités.
WhatsApp, un outil vital dans un pays en crise humanitaire
Pour des millions de Soudanais, WhatsApp est un lien essentiel entre familles séparées, un moyen de rechercher des personnes disparues et un canal de coordination pour l’aide humanitaire. Dans un pays ravagé depuis plus de deux ans par la guerre civile, le blocage des appels risque d’aggraver l’isolement des populations civiles, en particulier des réfugiés et déplacés, tout en compliquant les opérations de secours.
Contournement du blocage : VPN et services satellitaires coûteux
Face à cette coupure, certains Soudanais tentent de contourner la restriction en utilisant des VPN, des services satellitaires comme Starlink ou en recourant à des cartes SIM étrangères. Ces alternatives, pourtant efficaces, restent onéreuses et techniquement complexes, échappant aux capacités de la majorité de la population.
Une inquiétude croissante face à la censure numérique en Afrique
Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large d’escalade des coupures d’Internet et des blocages d’applications de communication dans plusieurs pays africains, souvent justifiés pour des motifs politiques ou sécuritaires. Ammar Hamouda, expert en politique numérique, souligne que les motivations soudanaises mêlent enjeux sécuritaires, politiques et économiques, au prix de lourds sacrifices pour la population civile.
Cette mesure soulève ainsi un débat crucial sur les équilibres entre sécurité nationale et libertés fondamentales, au cœur d’un Soudan confronté à une crise d’ampleur aux conséquences humaines dramatiques.