Gabin Steeven Moundziegou veut survivre là où les startups meurent

“90 % des startups ne dépassent pas les deux ans.” Ce chiffre tourne en boucle dans toutes les keynotes. Mais sur le terrain, à Libreville, il faut bien plus que de l’ambition et un deck Canva pour survivre.

Gabin Steeven Moundziegou est l’un de ceux qui tiennent encore debout. À 12 mois d’activité, sa boîte Samba Tech a déjà plusieurs produits à son actif :
FreelanceTech 241, une plateforme pour mettre en relation freelances tech et entreprises
Classertif, un outil pour générer des certificats numériques
 

Et un modèle de facturation affûté comme une machette, pour ne plus perdre de temps avec des prospects fantômes.

Quand je lui demande ce qu’il a appris en un an, sa réponse claque comme une punchline de Youssoupha :


“Le problème ce n’est pas la tech. C’est la façon de vendre.”

Il parle des “4D” pour facturer les frais fantômes 

Sa plus grande leçon ? Avoir séparé la relation client en 4 étapes, chacune facturée indépendamment :

Découverte, Design, Développement, Déploiement.

Avant, il envoyait un devis complet, tech + budget. Résultat : le client disparaissait souvent avec l’idée, sans même donner suite.


« On bossait deux semaines pour rien. Maintenant, on facture dès la phase de cadrage. »

Ce découpage rend visible — donc monétisable — le travail invisible, celui que beaucoup d’agences au Gabon offrent encore gratuitement, par naïveté ou peur de perdre le deal.

Malheureusement dans nos régions, trop souvent encore les appels d’offres n’aboutissent pas par manque de contact 

Autre enseignement : « Il est stratégique d’avoir un point d’appui de l’autre côté. »

Traduction : répondre à un appel d’offres sans lien dans l’institution revient souvent à tirer à l’aveugle. Gabin met le doigt sur un mal connu, mais rarement assumé : le poids du réseau dans un écosystème encore verrouillé.

Des entreprises tech locales qui sont tous concurrentess, jamais partenaires ?

Le plus inquiétant dans son retour ?

« Il existe un gros manque de confiance entre les entreprises gabonaises. »

Trop peu de collaboration, trop de méfiance. Chaque startup veut tout faire seule.  On ne partage pas ses  API. On a des dificultés à créer des synergies. Un réflexe de survie certainement, un mécanisme de protection… qui tue l’écosystème à petit feu.

Une vision claire, une boîte qui pivote vite

Quand je lui demande s’il pense passer le cap des deux ans, il ne tergiverse pas :

“Oui. Mais il faut rester agile, apprendre très vite, et surtout protéger sa structure.”

Samba Tech n’a pas encore levé de fonds, mais a déjà levé des murs solides : une culture du test & learn, une logique produit orientée besoin réel, et une méfiance saine envers les “grands discours” sans clients derrière.

Ce que ça dit vraiment

Dans l’écosystème tech gabonais, la vraie force n’est pas d’avoir une bonne idée. C’est de savoir structurer, vendre, se protéger et durer.

Gabin Steeven Moundziegou n’est peut-être pas encore une “success story”. Mais il est en train de comprendre le vrai jeu : celui des fondations.

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