Et si le Gabon codait son futur visuel ?

Une idée pitchée par Juste Misterjack, réalisateur et photographe gabonais.

L’idée est tout sauf bête : créer une banque d’images nationale, alimentée exclusivement par les créateurs du pays et pensée comme une infrastructure numérique pour vendre la destination Gabon.

Une idée déjà en germe

Le plus beau, comme le rappelle Misterjack, c’est que les artistes de l’image le font déjà, parfois gratuitement.

  • François Zima qui documente méthodiquement les chantiers et bâtiments, créant une banque institutionnelle quasi-unique.
  • Braddy Jordan, passionné de tourisme, a accumulé une photothèque environnementale mettant en valeur la biodiversité du pays.
  • Désiré Minko, figure du photojournalisme gabonais, a lancé sa propre banque d’images, AfrikImages, aujourd’hui partenaire de Getty Images, preuve que l’expertise gabonaise peut s’inscrire dans les standards mondiaux.
  • Et on peut aussi citer une constellation de photographes talentueux et indépendants qui sillonnent villes, quartiers et provinces, produisant déjà un récit visuel fragmenté du pays.

Le gisement existe. Ce qu’il manque, c’est une vision structurée.

Pourquoi ne pas aller vers un cloud visuel made in Gabon

Imaginez une plateforme numérique : un “cloud national de contenus visuels” regroupant photos et vidéos du territoire — paysages, forêts, fleuves, océans, scènes urbaines, traditions, biodiversité.

Une telle infrastructure permettrait de :

  • Unifier l’image du pays : campagnes, institutions et entreprises disposeraient d’un socle commun de contenus premium.
  • Renforcer le soft power : en maîtrisant son storytelling visuel, le Gabon projette une identité forte à l’international.
  • Créer de la valeur locale : les photographes et réalisateurs gabonais deviennent les fournisseurs officiels de ce patrimoine numérique.

Quand la tech rencontre le tourisme

Ce projet relève aussi de la souveraineté numérique.

  • IA et machine learning pour classer automatiquement les images par lieu, thème ou ambiance.
  • Tags intelligents pour rendre la recherche fluide et intuitive.
  • Blockchain pour certifier les œuvres et sécuriser les droits d’auteur.

C’est l’alliance de l’art et de la donnée : une image du Gabon codée, indexée, exploitable à l’infini.

Le nerf de la guerre ? Quel modèle économique pour un tel projet ? 

Question clé : comment transformer cette idée en moteur économique pour les créateurs ? Voici quelques pistes :  

  • Contrats de commande publique : missions financées par l’État, avec cachets pour couvrir chaque province (ex. 1 à 3M FCFA pour une campagne visuelle complète).
  • Abonnements institutionnels et privés : accès gratuit pour l’État, mais payant pour hôtels, compagnies aériennes, agences et marques (2 à 5M FCFA/an).
  • Licences internationales : comme Getty, certaines images premium (faune, forêts, paysages) revendues à l’étranger (50 à 200 $ selon usage).
  • Valorisation locale : intégration dans sites et applis gabonaises, avec rémunération automatique des contributeurs.

Ce que font déjà Misterjack, Zima, Braddy Jordan ou Désiré Minko pourrait devenir, demain, un programme national structuré, financé et durable.

Articles similaires