Le 17 avril, le Gabon célèbre la Journée Nationale de la Femme Gabonaise, instaurée en 1998 pour honorer la mémoire de Antoinette Tsono, première femme à entrer au gouvernement. Ce jour férié est l’occasion de mettre en lumière la contribution des femmes au développement du pays, à travers tous les secteurs de l’ éducation, la santé, la politique, l’économie… et bien sûr, la tech, longtemps restée un bastion masculin.
Cette journée offre une tribune idéale pour valoriser les figures féminines émergentes du numérique, ces femmes qui, par leur audace, leur créativité et leur engagement, façonnent l’avenir digital du pays. Aujourd’hui, zoom sur cinq femmes qui font bouger la tech au Gabon, en plaçant l’innovation au service de l’humain.
1. Selena Souah

Entre Paris et Libreville, entre le secteur bancaire et les télécoms, Selena Souah trace une route hors des sentiers battus. Diplômée de l’Institut Supérieur de Commerce de Paris en Finance d’Entreprise, elle commence sa carrière dans la finance, avant de faire un virage ambitieux vers la tech. En 2018, elle fonde REVOLUTION’AIR, un opérateur télécom rwandais qui vise à connecter les zones rurales africaines à Internet à travers des infrastructures légères, efficaces, et accessibles.
Avant cela, elle crée REGCARD, une carte d’enregistrement digitale simplifiant l’accueil dans les hôtels grâce à un QR code sécurisé. Innovante et déterminée, elle obtient à moins de 30 ans une licence d’exploitation télécom de 15 ans, exploit rarement atteint dans un secteur aussi compétitif.
Membre du Conseil d’administration de l’Institut Aspen France, nommée Young European Leader 2023, engagée dans Women in Tech, Selena est une ambassadrice du leadership féminin africain. Elle porte haut les valeurs de diversité et d’inclusion, tout en insufflant une vision continentale de la transformation numérique.
2. Ariane Akeret

Du droit à la fintech, Ariane Akeret a choisi de mettre le numérique au service de ceux qu’on oublie souvent : les non-bancarisés. Juriste de formation (formée à l’Université Omar Bongo), elle est la fondatrice de CAPAY.Ga, une solution qui permet aux retraités, étudiants ou fonctionnaires isolés de recevoir leurs revenus via Mobile Money, en toute sécurité.
Inspirée par les difficultés rencontrées par ses grands-parents pour percevoir leurs pensions, elle développe CAPAY au sein de la Société d’incubation numérique du Gabon, où elle remporte un appel à projets. En 2022, elle décroche le Prix Margaret Afrique, qui récompense les femmes entrepreneures les plus influentes de la tech francophone.
Ariane ne s’arrête pas là : elle milite activement pour l’inclusion des jeunes filles dans les métiers du numérique, multipliant les interventions et les ateliers dans les écoles. Son rêve ? Étendre CAPAY dans toute l’Afrique centrale et démontrer que l’innovation sociale peut changer des vies.
3. Sylvie N’Tchandi Touré

À Libreville, Sylvie N’Tchandi Touré incarne la force tranquille de la formation numérique. Depuis 2018, elle dirige l’École 241, un centre de formation novateur inspiré des méthodes de l’école française 42, qui mise sur l’apprentissage par projets, l’autonomie et l’insertion professionnelle.
Sous sa direction, l’école a formé des centaines de jeunes gabonais aux métiers de la tech : développement web, cybersécurité, design UX/UI… Avec plus de 500 connexions professionnelles, elle tisse un écosystème solide entre l’école, les entreprises locales, et les partenaires internationaux.
Au-delà de la formation, Sylvie s’engage dans des programmes d’inclusion numérique, notamment à destination des femmes et des personnes éloignées de l’emploi. Elle participe aussi à la structuration de l’écosystème tech en Afrique centrale, avec des collaborations actives au São Tomé-et-Principe et en RDC. On peut aisément dire que pour elle, la tech est avant tout un levier d’émancipation.
4. Virginie Mounanga

Polyglotte, entrepreneure, stratège… Virginie Mounanga incarne l’audace et la constance. Elle fonde en 2018 Blanc Cristal, une agence gabonaise de transformation digitale, qui propose des formations numériques, des concours de talents tech et des campagnes de sensibilisation citoyenne.
Son parcours est riche d’influences internationales : France, Maroc, Canada. En 2024, elle franchit un cap avec la création de Cristal XP, une startup spécialisée en intelligence artificielle et business intelligence, qui accompagne les PME gabonaises vers leur transition numérique.
Virginie s’engage aussi auprès des jeunes et des femmes, avec des actions de terrain et des partenariats structurants, comme celui noué avec la Journée de la Femme Digitale (JFD). Pour elle, la technologie n’est pas un gadget, mais un outil de transformation sociale durable.
5. Laetitia Oyoubi

À la croisée de l’écologie et du digital, Laetitia Oyoubi utilise la technologie pour reconnecter les populations à leur environnement naturel. Spécialiste en stratégie digitale, elle a été Directrice de la Communication à l’Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon, puis à la Wildlife Conservation Society au Congo.
Elle y conçoit des campagnes numériques de sensibilisation, intégrant storytelling visuel, données interactives et vidéos immersives. Elle défend une vision créative et engagée de la tech.
En mettant la communication environnementale à l’ère numérique, Laetitia Oyoubi trace un chemin original où tech, nature et art s’unissent pour éveiller les consciences.
Des modèles, des rôles, des leaders
Ces cinq femmes ne sont pas simplement des professionnelles de la tech. Elles sont des bâtisseuses, des visionnaires, des mentores. Chacune à sa manière, elles repoussent les limites, bousculent les codes et montrent que le numérique gabonais est aussi une histoire de femmes. En cette Journée Nationale de la Femme Gabonaise, elles nous rappellent que l’avenir est digital — et qu’il est aussi résolument féminin.