Face aux géants américains et chinois de l’intelligence artificielle, l’Allemagne entre dans une nouvelle ère technologique. Deutsche Telekom et le constructeur américain de puces Nvidia lancent un projet d’envergure : une "usine d’IA souveraine " estimée à un milliard d’euros et baptisée Industrial AI Cloud. L’infrastructure, installée sous terre à Munich, doit entrer en service dès le premier trimestre 2026.
Le centre s’étendra sur trois à quatre étages, intégrant des technologies de pointe développées par SAP, le champion national du logiciel. Objectif : fournir une base de calcul et des applications d’IA à la fois performantes, sécurisées et réservées à l’usage européen.
Le pari de la souveraineté numérique
Pour Timotheus Höttges, patron de Deutsche Telekom, le message est clair : "l’Europe doit participer à la révolution de l’IA ". Dans un marché dominé par les États-Unis et la Chine, le Vieux Continent veut rattraper son retard et maîtriser ses données.
Bien que Nvidia soit américain, les données issues du futur centre seront stockées en Allemagne. Un choix hautement politique à l’heure où la protection des informations sensibles devient une arme stratégique. « Seuls des employés certifiés d’entreprises allemandes ou européennes y travailleront », a insisté Höttges.
Selon une étude du cabinet Accenture, 72 % des organisations allemandes recherchent des solutions d’IA souveraine, contre 55 % en France. L’indépendance numérique n’est donc plus une option, mais une demande croissante.
Une vitrine du " Made 4 Germany "
Ce projet emblématique s’inscrit dans l’initiative nationale Made 4 Germany, qui fédère plus de cent entreprises autour d’un même objectif : relancer la compétitivité industrielle et accélérer la numérisation du pays.
Le chancelier Friedrich Merz, à l’origine du rapprochement entre Jensen Huang (Nvidia) et Deutsche Telekom, présentait déjà cette coopération comme "une avancée majeure pour la souveraineté numérique et l’avenir économique de l’Allemagne".
Dix partenaires industriels participent déjà à l’aventure, dont Siemens, Mercedes-Benz et BMW, qui comptent exploiter cette base d’IA pour améliorer leurs processus de production et développer des solutions plus autonomes.
Le temps presse
"Les entreprises les plus dynamiques du monde sont celles qui maîtrisent l’intelligence artificielle ", a rappelé Tim Höttges. En investissant sous terre pour bâtir son industrie numérique, l’Allemagne espère maintenant remonter à la surface de la compétition mondiale.
