Et si consulter un médecin en Égypte ne nécessitait plus de faire la queue des heures durant ? D’ici quatre ans, le gouvernement veut rendre cette idée bien plus qu’un rêve grâce à une transformation numérique sans précédent du système de santé.
Face à une population de plus de 110 millions d’habitants et à un réseau médical souvent saturé, l’Égypte entend moderniser son système de santé par la donnée et les technologies. Le 15 novembre 2025, lors du 3ᵉ Congrès mondial sur la population, la santé et le développement (PHDC’25), le ministre de la Santé et de la Population, Khaled Abdel Ghaffar, a dévoilé la Stratégie nationale de santé numérique 2025-2029.
Cette feuille de route veut bâtir un écosystème numérique intégré fondé sur trois piliers :
la centralisation des données de santé à l’échelle nationale ;
le déploiement de plateformes interopérables et sécurisées ;
l’accès élargi à des services e-santé personnalisés.
De premières pierres déjà posées
Depuis 2021, l’Égypte a amorcé sa mutation. Plus de 11 millions de dossiers médicaux électroniques sont désormais intégrés dans le cadre du programme d’assurance maladie universelle. Des applications de télémédecine permettent aux patients éloignés d’accéder à des consultations à distance, notamment dans les gouvernorats du Sud.
Le Ministère des Communications et de la Technologie de l’Information (MCIT) soutient déjà plusieurs projets pilotes d’hôpitaux « intelligents » connectés, tandis que des start-up locales comme Vezeeta (leader régional de la e-santé) contribuent à accélérer la numérisation du parcours patient grâce à des plateformes de réservation et de suivi en ligne.
Une stratégie arrimée à « Digital Egypt 2030 »
Cette feuille de route s’inscrit dans le cadre plus large du programme « Digital Egypt 2030 », qui vise à faire du pays une économie fondée sur la connaissance et les technologies émergentes. Avec un taux de pénétration d’Internet supérieur à 80 %, l’environnement est favorable. Cependant, la fracture entre zones urbaines et rurales demeure un obstacle majeur.
Des défis à relever pour concrétiser la promesse
La transition ne se fera pas sans accompagnement :
Les formations pour les professionnels de santé aux outils numériques seront cruciales.
Le renforcement de la cybersécurité et de la gouvernance des données s’impose, afin de protéger des informations médicales sensibles.
L’amélioration de la connectivité dans les régions reculées conditionnera la réussite d’un déploiement inclusif.
Selon la Banque mondiale, la digitalisation de la santé pourrait à terme réduire de 20 à 30 % les coûts administratifs, tout en améliorant l’accès aux soins pour des millions de citoyens.
L’Égypte veut aller plus loin
En fixant un cap clair jusqu’en 2029, Le Caire affiche son ambition : transformer un système encore trop fragmenté en véritable réseau intelligent et fiable. Une révolution numérique au service de la santé publique qui pourrait faire de l’Égypte un modèle de modernisation sanitaire en Afrique et au Moyen-Orient.





