L’inclusion comme levier stratégique
La République Démocratique du Congo compte plus de 100 millions d’habitants, mais seule une minorité a accès à un compte bancaire. Cette réalité, paradoxale dans un pays où le mobile est massivement utilisé, explique l’intérêt de Visa. Comme le résume Sophie Kafuti, directrice générale de Visa RDC, l’ambition est claire : « stimuler la croissance des paiements numériques et soutenir l’inclusion financière ».
En d’autres termes, Visa Pay n’est pas seulement une app de transfert d’argent et de paiements marchands. Elle se veut un pont entre l’informel et le formel, un outil pour transformer des pratiques quotidiennes — cash, mobile money — en transactions intégrées et sécurisées, reconnues dans les circuits financiers globaux.
L’équation concurrentielle
Mais le pari n’est pas gagné d’avance. Le mobile money a déjà façonné les habitudes des Congolais, comme ailleurs en Afrique. Des millions de clients ont adopté Airtel Money ou M-Pesa pour envoyer de l’argent et payer leurs factures. Face à ces acteurs installés, Visa Pay doit démontrer une valeur ajoutée tangible :
- l’accès au e-commerce via des cartes virtuelles,
- la réduction des coûts de transaction,
- l’assurance d’une sécurité internationale,
- et surtout, l’interopérabilité avec les banques locales et régionales.
Un signal pour l’Afrique centrale
Au-delà de la RDC, le lancement envoie un message à toute la sous-région. Dans des pays comme le Gabon ou le Cameroun, où la bancarisation progresse lentement mais où le digital gagne du terrain, l’arrivée d’une telle solution pourrait accélérer la transformation. Pour les fintech locales, c’est à la fois une concurrence et une opportunité de s’intégrer dans un écosystème élargi, de nouer des partenariats ou de bâtir des services complémentaires.