Afrique centrale : les hubs tech passent à l’offensive

Face aux défis de l’intégration régionale, six hubs d’Afrique centrale lancent une initiative inédite pour structurer les écosystèmes tech de la CEMAC.

Libreville, RDC, Douala, N’Djamena… Le continent bouge — et l’Afrique centrale tente de rattraper le tempo. Ce vendredi, nous avons a assisté au lancement officiel du programme régional de renforcement des capacités des structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat (SAO), initié par AfriLabs et piloté cette année par la SING (Société d’Incubation Numérique du Gabon) et Cinolu, le centre d’innovation de Lubumbashi (RDC).

Le pitch ? Professionnaliser les hubs d’Afrique centrale pour mieux soutenir les startups et dynamiser l’intégration régionale dans le contexte de la ZLECAf.

Une réponse locale à un défi continental

Ce programme, aujourd’hui dans sa troisième édition, vise à outiller les incubateurs de la sous-région pour faire émerger un écosystème tech plus solide, plus structuré, et plus connecté. Six pays sont engagés cette année : le Gabon, la RDC, le Cameroun, le Congo, le Tchad et le Burundi.

Derrière cette initiative, une conviction : l’intégration économique ne pourra se faire sans la tech. Et pour cela, il faut des hubs solides, des accompagnateurs formés, et des politiques publiques cohérentes.

La SING prend le lead régional

Pour cette édition, la SING joue un rôle central. Elle n’est pas seulement participante : elle copilote le programme, en tandem avec Simolo, et accueillera à Libreville la phase finale en présentiel.

“C’est une belle reconnaissance pour le travail accompli localement, mais aussi un défi à relever pour être à la hauteur des attentes régionales,” a confié Valéry Gémo, business analyst senior à la SING.

Lors de son intervention, le directeur général de la SING, Yannick Ebibé, a détaillé la vision stratégique de l’incubateur gabonais :

  • Positionner la SING comme un hub régional d’excellence, capable de former et d’inspirer d’autres SAO ;
  • Structurer un écosystème gabonais plus performant, en lien avec les autres pays de la sous-région ;
  • Accélérer l’intégration des talents et des startups dans une dynamique ZLECAf inclusive.

En accueillant cette initiative à Libreville, la SING affirme ses ambitions : devenir un catalyseur de la tech régionale, et un acteur clé de la montée en puissance des écosystèmes entrepreneuriaux en Afrique centrale.

AfriLabs en chef d’orchestre

Miguel Nyamedi, d’AfriLabs, a rappelé que le réseau panafricain compte plus de 500 hubs dans 53 pays, dont 57 dans la seule région Afrique centrale. Une dynamique bien réelle — mais qui a besoin de coordination et de renforcement.

“L’Afrique centrale est l’une des régions les plus dynamiques du réseau, notamment côté francophone. AfriLabs est là pour amplifier leurs efforts,” a-t-il souligné.

AfriLabs accompagne le programme sur trois volets :

  • le renforcement des capacités des SAO,
  • la recherche d’opportunités de financement pour les startups,
  • et la mise en relation avec des investisseurs via sa plateforme AfriConnect Deal Room.

Des hubs au cœur de la transformation

Autre voix forte de la session, Berry, directeur du hub Simolo (RDC) et représentant Afrique centrale au sein du CA d’AfriLabs. Son message : les hubs ne sont pas juste des bureaux avec du Wi-Fi, mais les leviers essentiels d’une transformation économique adaptée à nos réalités locales.

“Les hubs sont au plus près des porteurs de solutions. Si on les forme, si on les connecte, on multiplie l’impact,” a-t-il déclaré.

Son plaidoyer : mutualiser les expériences, partager les bonnes pratiques, créer un effet réseau. Et surtout, bâtir un écosystème tech africain qui tient compte des réalités francophones, souvent négligées dans les dynamiques continentales dominées par l’Est anglophone ou le Nord africain.

Pourquoi ça compte ?

Parce que les SAO (incubateurs, accélérateurs, fablabs…) sont souvent le premier contact des jeunes startups avec le monde de l’innovation. Si ces structures restent fragiles, déconnectées, ou mal formées, c’est tout l’écosystème qui stagne. Et les talents migrent.

Ce programme, en s’attaquant à la base de la chaîne, veut faire en sorte que chaque startup d’Afrique centrale puisse trouver un hub compétent, connecté, et capable de l’accompagner jusqu’au bout.

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